Bashar Wehbeh, le Libanais accusé aux USA d’avoir procuré illégament des armes au Hezbollah (image courtoisement offerte par le Département de la Justice américaine).
Il s’agissait juste d’une opération destinée à conduire à l’arrestation d’un dealer de drogue iranien à Bucarest, en Roumanie. Mais elle s’est développée jusqu’à devenir l’un des plus vastes coups de filet mené par l’Agence américaine de lutte contre la Drogue (DEA), au cours de la dernière décennie. L’affaire s’est conclue par l’arrestation d’un trafiquant d’armes libanais qui a revendiqué vouloir acheter des armes, y compris des missiles sol-air, pour une valeur de 59, 5 millions de $.
L’Agence de lutte contre la drogue américaine (DEA) a annoncé, mardi dernier, qu’elle avait arrêté le citoyen libanais Bachar Wehbeh en République des Maldives, alors qu’il essayait d’acheter des armes à deux agents sous couverture, qui se présentaient comme des dealers. Conséquence de cette même opération, Cetin Aksu et Siavosh Henareh, respectivement citoyens turc et iranien, ont également été capturés en Roumanie.
Un réseau international de services de sécurité, depuis Interpol jusqu’aux Maldives, en passant par les polices roumaine, turque, grecque et malaise gardait les suspects sous surveillance, enregistrait les conversations, interceptait les appels téléphoniques et e-mails, et a fini par mettre la main sur les suspects lundi dernier. Aucune officine des autorités libanaises n’a jamais été impliquée dans les investigations, bien que le versement es paiements de ces transactions était transféré depuis Beyrouth, a raconté Rusty Payne, porte-parole pour la DEA à Now Lebanon.
Stinger
“Cette opération est hautement significative, parce qu’elle établit la relation étroite entre les trafiquants de drogue et les trafiquants d’armes », explique t-il. « Ce n’est pas précisément ce que nous cherchions, mais c’est au cours des enquêtes concernant la drogue que nous avons pu avoir, souvent, l’opportunité de voir d’où provenait l’argent, et d’être en mesure d’acquérir des renseignements qui infléchissent les activités des associations criminelles » insiste t-il.
Igla
Selon l’acte d’accusation publié par la DEA, et que Now Lebanon a obtenu du procureur de New York chargé du dossier, les opérations ont débuté en juin 2010, lorsque les agents ont commencé à suivre Siavosh Henareh, un Iranien qui était sous surveillance de la DEA pour trafic de drogue transférée d’Europe de l’Est vers les Etats-Unis. L’homme prétendait être médecin et vivait dans un luxueux appartement de Bucarest depuis 20 ans, où il pouvait recevoir confortablement ses clients.
Mais l’histoire a pris un tournant très différent, lorsque les agents de la DEA sous couverture se sont présentés comme des agents du Hezbollah essayant de lever des fonds à partir du trafic de drogue aux Etats-Unis, dans le but d’acheter des armes pour le parti chi’ite libanais. Pour les agences de sécurité américaines, il est clair que cela constitue déjà un crime en soi, puisque les Etats-Unis ont classé le Hezbollah comme une organisation terroriste étrangère en 1999.
ak347
Henareh a introduit les deux agents sous couverture auprès de deux autres trafiquants d’armes : le Libanais Bachar Wehbeh, qui, s’est lui-même présenté comme un associé du Hezbollah, et le Turc Cetin Aksu, en tant qu’intermédiaire.
Après s’être rencontrés en février 2011 en Roumanie, à Chypre, en Malaisie et dans plusieurs autres pays, Aksu et Wehbeh ont accepté d’acheter de l’armement sophistiqué d’origine militaire à d’autres agents sous couverture, se présentant comme des intermédiaires agissant pour le compte du Hezbollah. Selon la DEA, les agents ont fabriqué de toutes pièces l’histoire initiale et ont ensuite agi comme s’ils étaient des intermédiaires cherchant à revendre des armes acquises illégalement à partir d’une base américaine en Allemagne.
Glock 18c, arme "par défaut" des terroristes. Mais cela peut aussi aller jusque-là en montage-démontage :
Les agents ont enregistré des appels téléphoniques et des conversations, filmé les rencontres et conservé les e-mails par lesquels ils négociaient la vente à Wehbeh de : 48 Stinger SAMs fabriqués aux Etats-Unis, 100 Igla SAMs (lance-missiles sol-air à l’épaule, indétectable au radar), 5000 fusils d’assaut AK 47, 1000 fusils de précision M 4 et 1000 pistolets de poing Glock, pour un prix approximatif total de 59, 5 millions de $.
Aksu et Wehbeh ont signé un contrat écrit en juin 211 en Malaisie.
“Au cours de la rencontre du 12 juin 2011, Wehbeh a déclaré qu’il était prêt à acheter les armes sous les instructions directes du Hezbollah”, est-il rédigé dans l’acte d’accusation. « Le 28 juin 2011, à Beyrouth, au Liban, Wehbeh et des co-conspirateurs dont les noms ne sont pas mentionnés ici comme accusés, ont convenu d’envoyer une première avance d’environ 50 000 $ pour l’achat des armes… aux [agents de la DEA].
Dès le jour suivant, une somme supplémentaire de 50 000 $ a été envoyée sur le compte secret des agents de la DEA à Beyrouth.
Henareh, le dealer de drogue iranien, et Aksu, le “go-between” turc, ont été arrêtés à Bucarest, lundi. Wehbeh, recherché par Interpol, a été appréhendé le même jour aux Maldives et a comparu devant le Tribunal du District de Manhattan, à New York, dès mardi. Il est accusé de terrorisme et risque la prison à vie.
“ Ces opérations de la DEA illustrent crûment à quel point le trafic de drogue est une menace à double-tranchant qui alimente, en même temps, la toxicomanie et le terrorisme », a affirmé Michèle Léonhart, Administratrice de la DEA, lors d’une conférence de presse. « Nous avons neutralisé avec succès et substantiellement démantelé deux réseaux dangereux autant que complexes », a-t-elle ajouté.
Bien que ce soit la première fois que les agences de sécurité américaines capturent sur le fait un agent du Hezbollah en train de passer un arrangement pour obtenir illégalement des armes, et de plus, font apparaître ses liens avec le réseau de trafic de drogue, ce cas n’est pas pour autant, le premier où le Hezbollah comparaît devant le système judiciaire américain. Un responsable politique du Hezbollah et son fils avaient déjà été mis en accusation, en 2009, à Philadelphie pour avoir fait transférer 120 mitrailleuses lourdes des Etats-Unis vers le Liban, via la Syrie. Deux autres hommes de main, Hassan Hodroj et Dib Hani Harb, ont été accusé d’avoir convoyé les armes clandestinement, mais n’ont jamais été arrêtés. Hodroj est identifié dans les documents du Tribunal comme un membre du Conseil politique du Hezbollah et sa photographie a circulé dans des reportages de presse comme un porte-parole du Hezbollah, détenant le portefeuille de chef de la Commission pour les affaires palestiniennes.
Adapté par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
source :
http://www.nowlebanon.com/NewsArticleDetails.aspx?ID=296046
via http://www.aschkel.info/article-la-hezbollah-connection-80576080.html
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